Cours de restauration : esthétique et conservatif : les accidents Accident de tableau Récapitulatif des diverses dégradations d’un tableau Ce cours regroupe les diverses dégradations qu'un tableau peut subir. Ce n'est pas un cours exhaustif, mais une vision globale par "couche" de l'objet tableau et de ses divers dégradations et accidents possibles. Les prescription donné le sont à titre indicatif, mais seule une analyse précise du tableau permet un diagnostic définitif. Cela implique que ces tableaux ne se suffisent pas à eux-même mais permettent de survoler rapidement les différentes dégradations possibles en cas de doutes ou d’oubli. Support toile AccidentsCausesPrescription • Fragilité générale entrainant des ruptures à la tension (remontage) • Déchirures, écartements de la toile Tissu de mauvaise qualité avec des fibres courtes (coton, jute, chanvre) • Refixage refixage Le refixage est l’opération permettant de redonner de la cohésion à un ensemble couche picturale/préparation seulement, ou un ensemble plus étendu de strates du tableau. Ce peut être aussi une opération permettant la reprise de clivage interne à un feuil du tableau. par la face. • Consolidation par le dos. • Si nécessaire doublage ou rentoilage • Craquelures généralisées atteignant la toile • Craquelures profondes, naturelles. Effet toile d’araignée en lumière traversante et amorce de soulèvements généralisés Toile insuffisamment décatie à l’origine Fibres trop sensibles aux variations hygrométriques. À l’endroit de ces faiblesses, action des infra-rouges et des UV qui traversent la toile avec risques de rupture (toile cuite) • Refixage refixage Le refixage est l’opération permettant de redonner de la cohésion à un ensemble couche picturale/préparation seulement, ou un ensemble plus étendu de strates du tableau. Ce peut être aussi une opération permettant la reprise de clivage interne à un feuil du tableau. par la face et par le dos. • Doublage ou rentoilage. • Craquelures en esrcargot ou en colimaçon Noeud dans la toile par défaut de tissage Particule insoluble dans l’encollage (grain) Choc localisé sur un support trop sec • Refixage refixage Le refixage est l’opération permettant de redonner de la cohésion à un ensemble couche picturale/préparation seulement, ou un ensemble plus étendu de strates du tableau. Ce peut être aussi une opération permettant la reprise de clivage interne à un feuil du tableau. localisé. • Araser le noeud si doublage ou rentoilage. • Enlever la colle de rentoilage ancienne. Désentoiler, nettoyer la colle ancienne avec la méthylcellulose. Réentoiler. • Toile flottante sur son châssis appelé "effet drapeau" Toile mal tendue à l’origine et mal enduite Mauvaises conditions de conservation (atmosphère trop sèche) Tableaux montés sur châssis fixes • Taper sur les clefs quand le tableau est monté sur un châssis à clefs. • Conserver le tableau dans un milieu plus humide si l’atmosphère est trop sèche. • Si le tableau est monté sur un châssis fixe, le remonter sur châssis à clefs. Poser des bandes de tension en cas de manque des bordures. • Craquelures en diagonale dans les angles du châssis Toile trop tendue dans les angles ou toile avec clefs trop poussées • Refixage refixage Le refixage est l’opération permettant de redonner de la cohésion à un ensemble couche picturale/préparation seulement, ou un ensemble plus étendu de strates du tableau. Ce peut être aussi une opération permettant la reprise de clivage interne à un feuil du tableau. localisé dans les craquelures. Défaire un peu les clefs. • Déformations localisées sans déchirures, allongements Conservation de l’oeuvre sur un objet contondant • Humidification localisée avec de l’eau, vapeur d’eau ou white spirit puis repassage doux, puis mise sous presse en attendant le refroidissement. • Boursoufflures et marques de pièces Utilisation d’une colle aqueuse comme adhésif lors d’une restauration antérieure, lorsque la toile à consolider était réactive Toile utilisée pour la pièce plus épaisse que la toile originale • Enlever la pièce (sans humidifier) à sec. Nettoyer l’adhésif avec de la méthylcellulose très épaisse (moins d’eau). Repasser et mettre sous presse jusqu’à refroidissement pour récupérer la planéité de la toile. Poser une pièce avec du film Beva 371 (adhésif non aqueux) et un non-tissé. • Si l’on ne récupère pas la planéité, procéder à un rentoilage. • Cloques d’air consécutives au décollage d’un rentoilage Si le rentoilage a plus de 100 ans, perte de cohésion de la colle ancienne Sinon, mauvaise technique d’un rentoilage récent • Désentoiler, nettoyer les anciens adhésifs et réentoiler. • Moisissures ou champignons Conservation en milieu humide Manque de fongicide dans les colles naturelles • Badigeon d’éconacide sur le revers de la toile (solution alcoolique qui dissout les champignons). • Déchirures, trous plus ou moins complexes Accidents, chocs • Accident limité et récent (pas d’écart au bord de la déchirure) : pose de pièces. • Accident plus complexe et plus ancien : doublage ou rentoilage en intercalant de la tarlatane. La toile polyester, dont les fibres sont synthétiques, se tend sous l’action de la chaleur. La toile de lin, dont les fibres sont naturelles, se tend avec l’emploi de l’humidité. Support bois Accidents Causes Prescription • Embus localisés ou taches sur la CP Bois trop résineux ou mal séché Support trop poreux, huile plus absorbée à certains endroits • Mettre un vernis isolant Saturer avec des vernis définitifs. • Désassemblage des panneaux Perte de cohésion des colles d’assemblage • Porter à un ébéniste pour réassemblage (dégagement des colles anciennes et réassemblage des panneaux avec colle et sous presse). Protéger la CP avec un bolloré avec un adhésif adéquat (colle de peau ou méthylcellulose). • Pour les fentes, mettre un mastic de bouchage (cire de carnauba couleur bois). • Pour les écailles, mettre du cosmoloïd (rondelles de cire blanche). • Gauchissement convexe ou "voilure" d’un panneau Mauvais débit du bois initial • Plus de parquetage qui provoque la brisure du bois (amincissement, remise en forme, contrainte). Faire faire un châssis cadre ou une marie-louise d’épaisseur différente. • Fentes d’un panneau ne correspondant pas au collage initial Contrainte par aplanissement ou pose d’un parquetage fixe • Dégagement du parquetage. Collage à joints vifs après la pose de papillons sur les fentes. • Si le tableau s’avère trop aminci lors du déparquetage les conséquences peuvent être catastrophiques, dans ce cas il faut conserver le parquetage. • Tendance à l’enroulement sur lui-même du panneau ou "voilure" très importante : localisé, dans le cas d’assemblage de panneaux généralisé Affaiblissement localisé du bois par attaque locale d’insectes xylophages (avec un apport d’air dans le support) 1 Amincissement trop important du panneau original sans consolidation suffisante Encollage (avec toile) trop fort entraînant une déformation 2 • 1 Traiter localement puis généralement avec du tétrachlorure de carbone (seul produit traitant du bois, non acide, n’entraînant pas de problèmes sur les pigments). Badigeon au dos, sur la face et par injections à la seringue dans les galeries, deux fois à 24 h d’intervalle. Combler les galeries avec un paraloïd,appelé durcisseur à bois, (5 à 10%) injecté à la seringue. Attention lors de l’application en raison de sa brillance. • 2 En cas d’enroulement généralisé, faire poser un parquetage après l’aplanissement du panneau chez un ébéniste spécialisé. (Olivier Nouailles dans le 14e, ébéniste spécialisé, ancien de l’IFROA) Encollage Accidents Causes Prescription • Cassures au endroits de pliage (remontage sur un châssis) Larges craquelures irrégulières et profondes Colle utilisée trop forte, de mauvaise qualité ou trop cassante Encollage trop épais sans ponçage avant la pose de la préparation • Refixage refixage Le refixage est l’opération permettant de redonner de la cohésion à un ensemble couche picturale/préparation seulement, ou un ensemble plus étendu de strates du tableau. Ce peut être aussi une opération permettant la reprise de clivage interne à un feuil du tableau. recto et verso (sans colle aqueuse) avec une résine synthétique : Klucel au dos et Plexisol sur la face. • Toile dite "cuite" par les traversées d’huile (elle craque lors du toucher) Encollage insuffisant ou inexistant, la toile est cuite par l’huile de la peinture (huile et essence de térébenthine très acides) • Rentoilage ou doublage après refixage refixage Le refixage est l’opération permettant de redonner de la cohésion à un ensemble couche picturale/préparation seulement, ou un ensemble plus étendu de strates du tableau. Ce peut être aussi une opération permettant la reprise de clivage interne à un feuil du tableau. . • Déformation de la toile à chaque changement de saison, tissu s’allongeant car non retenu par un encollage Colle trop faible, trop souple selon la mollesse de la toile (plus importante pour le coton) • Badigeon de Klucel par le dos pour récupérer l’homogénéité du support • Rétractation de la toile et plissures de la CP (début de transposition transposition Les transpositions sont les actions volontaires ou non conduisant la couche picturale à se déssolidariser entièrement de son support. On distingue les transpositions spontanées des transposions volontaires, ancienne technique de restauration consistant à séparer la couche picturale de son support. Devenue obsolète elle a causé de grandes dégradations et des pertes définitive d’œuvre ! spontanée) Enduction d’une toile réactive avec une colle aqueuse • Badigeon par le dos au Klucel. Aplanissement et repassage sur la face avec le Plexisol. • Lors d’un rentoilage mal choisi, évacuer l’humidité puis figer la CP par la face et par le dos avec de la cire-résine, repasser pour neutraliser le plus possible la réactivité. Ne pas enlever le bolloré tout de suite, attendre que la cire-résine soit figée. Préparation Accidents Causes Prescription • Embus au vernissage Préparation trop maigre donc trop absorbante, pas homogène, ou inexistante • Resaturer la préparation trop maigre ou inexistante avec badigeon d’AKA 480 et/ou de Klucel par le dos (AKA 480 si pas de préparation et Klucel si préparation trop maigre) • Plissement de la couche picturale ou gercures Préparation trop grasse (trop d’huile mettant trop de temps à sécher) • RIEN ! • Ecailles qui découvrent jusqu’à la toile Craquelures prématurées (dûes à un glissement de la CP) jusqu’à la toile Très mauvaise préparation. Préparation trop épaisse et trop lisse (huile +siccatif) avec matières très épaisses • Saturer par le dos et par la face en badigeon avec de la cire-résine douce et repasser. Véhiculer la cire-résine et enlever l’excédent au WS. Retouches sans masticage au glacis dans les crevasses. Matière picturale Accidents Causes Prescription • Embus (microcraquelures) ou chancis et craquelures localisées Problèmes localisés sur des pigments peu siccatifs (noir d’ivoire, terre d’ombre naturelle, terre de Cassel, laque de Garance, bitume) • Réhomogénéiser et resaturer les pigments : Régénérer le médium original avec de l’éthanol à 95° localement si le tableau est récent Pour un tableau ancien, utiliser localement du paraloïd à 30% ou du vernis isolant Charbonnel. Après séchage, utiliser le vernis isolant Berger. • Couches picturales superficielles poisseuses Abus de résine molle par le peintre. Technique d’un frottis avec de l’essence de térébenthine ou de la glycérine dans le but d’un assouplissement ????. Le tableau met des mois à sécher. • Procéder à un frottis avec de l’éther ou du trichloréthylène, produits accélérant le séchage des résidus poisseux. • Revernir après 24 h minimum, il faut que la CP soit sèche. • Craquelures prématurées quelles que soient la couleur Diluant qui s’évapore trop lentement (huile éventée) ou naturellement peu siccative (huile d’oeillette par exemple). • Retouche juste à l’intérieur des craquelures au glacis. • Jaunissement de la CP par exudation excessive (transpiration de l’huile) Abus de siccatif et d’huile de lin par le peintre • Bien repérer ce phénomène et ne rien faire. (fragilité de la zone en cas d’intervention), fait partie de la patine. Utilisation du 3A doux, l’exudat ne bougera pas mais sera efficace lors de l’allégement de vernis. • Frisures ou peau d’orange d’une matière picturale Abus de siccatif et d’huile de lin par le peintre • Bien repérer ce phénomène et ne rien faire. (fragilité de la zone en cas d’intervention), fait partie de la patine. Utilisation du 3A doux, l’exudat ne bougera pas mais sera efficace lors de l’allégement de vernis. • Ecaillage localisé dû à un manque d’ahérence localisé Cause interne dû au peintre : pâte trop épaisse localement posé sur un fond trop lisse Reprise de composition ou repentir. Problème de refixage refixage Le refixage est l’opération permettant de redonner de la cohésion à un ensemble couche picturale/préparation seulement, ou un ensemble plus étendu de strates du tableau. Ce peut être aussi une opération permettant la reprise de clivage interne à un feuil du tableau. aqueux localisé ou dû à une pose de pièce trop forte (rétractation et écaillage) • Refixer localement le repentir par la face à la Béva 371 diluée ou au Plexisol • En lever la mauvaise pièce, refixer et aplanir la surface localement par la face. Reposer une pièce souple avec de la Béva 371, en intercalant un non-tissé. • Déplacage, localisé ou généralisé, d’une CP sur une autre Oubli de la règle "gras sur maigre" par le peintre en peignant gras sur gras Huile trop grasse, trop épaisse, trop éventée Abus de siccatif sur la couche superficielle dans le repentir Repentir et changement de composition exécuté trop tôt dans le "frais" • Refixage refixage Le refixage est l’opération permettant de redonner de la cohésion à un ensemble couche picturale/préparation seulement, ou un ensemble plus étendu de strates du tableau. Ce peut être aussi une opération permettant la reprise de clivage interne à un feuil du tableau. généralisé par le dos au Klucel et par la face. Mastics et retouches sur les zones d’écaillage. • CP d’un aspect granuleux Facture très naïve du peintre, manque de professionalisme, appelé "travail fatigué" - Utilisation de matériaux inadaptésavec tendance au plombage généralisé (couleurs virant au gris) Facture très naïve du peintre, manque de professionalisme, appelé "travail fatigué" Utilisation de matériaux inadaptés • Rien à faire ! • Plissures avec écailles en forme de tuile ou en cuvette Exécution trop grasse (séchage rapide en surface mais non en profondeur) • Badigeon localisé ou généralisé avec de la méthylcellulose à travers un bolloré, puis repassage. Vernir auparavant pour être sûr de ne pas provoquer un chancis en profondeur (si vernis manquant) Vernis Accidents Causes Prescription • Chancis, voile, opalescence, embus Présence d’humidité (microfissuration du vernis) sur un tableau, oeuvre conservée dans un milieu trop humide Cartonnage et rentoilage à la colle de pâte (introduction de vapeur d’eau dans les différents matériaux) Chancis de surface après nettoyage (avec matériaux "froids" : éther-acétone-alcool...) • Disparition avec l’utilisation d’un matériau plus "chaud", tel le white spirit avant le vernissage (sinon "réchauffer" localement avec un solvant plus "chaud" : exemple, 3A doux lors de l’emploi du 2I). • Déplacage de surface Mauvaise qualité du vernis dû souvent à un excès d’humidité dans l’environnement • Véhiculage véhiculage Action de transporter à l’aide de solvant volatile une partie d’un vernis ancien d’un endroit du tableau en possédant trop, vers une partie en étant dépourvue (le plus souvent à la suite d’une élimination de repeint sous le vernis). Cette opération permet l’homogénéisation des brillances et de la patine liée au vernis (couleurs légèrement cuivrée pour les vernis à résine moles aprés allègement). Le véhiculage se pratique le plus souvent après allègement, parfois un peu pendant. avant l’allégement de vernis (ne pas commencer par l’allégement !)