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Bonjour,
J'ai la chance de posséder une Terracotta polychrome d'un buste oriental Goldsheider (70cm), environ 1 siècle et 30 ans d'âge. Si la polychromie accroche correctement sur les vêtements et divers étoffes ce n'est malheureusement pas le cas de la peau dont la peinture s'écaille et oui il y a même un manque la terre cuite blanche est visible dur 8mm environ. Quelqu'un connait-il une technique pour refixage des écailles ? Y'a t'il un masticage particulier à effectuer sur le manque avant coloration ? Si je suis sculpteur (modelage) et ai fait 5 ans en Arts Graphiques et Beaux Arts, je n'ai que des connaissances extrêmement limitées en restauration. Merci beaucoup pour votre aide si précieuse.
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bonjour,
ce n'est pas mon domaine mais pour commencer distinguez deux phases, conservation et restauration. Conservation: maintenir en place des éléments pouvant disparaître. Donc fixatif: nature du support (non poreux ou peu), de la couche picturale (oléagineuse?) + facteurs de réversibilité et d’innocuité = adhésif synthétique à solvant HC, Exemple le plus courant: paralloid b72 ou mélange b72-b44. Application idéale en phase gazeuse ou pulvérisation, sinon brosse (pinceau) souple à très souple, application en excédent. Peut-être une aide par pression sous intissé polyester, peut-être même avec spatule chauffante.
Deuxième phase restauration: comblement lacune avec un mortier synthétique, de tête là je n'ai pas idée, à voir chez Kremer par exemple. Vous pouvez colorer le mortier ou bien appliquer ensuite une couleur "ton de fond" selon nature du mortier aquarelle ou acrylique. Au-delà de ce type de retouche vous risquez de vous perdre dans les méandres des écailles et de la patine.
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Bonjour,
Comme je le dis souvent ici, et même si la plupart des opérations de restauration-conservation sont délicates, le refixage en est une qui l’est particulièrement. Elle peut faire plus de mal que de bien !
Pas certain que le paralloïd soit suffisamment puissant, la terre cuite ayant une certaine capacité d’absorption.
Comme le dit très justement librarii, il faut avant de penser la reprise des manques commencer par stopper la dégradation. Une question à se poser est alors de savoir pourquoi la peau se détache et pas le reste. Est-ce dû à une différence du médium, du pigment, d’un ajout de siccatif… ? Les autres couleurs vont-elles suivent et fait-il prévoir un refixage généralisé préventif ?
Avez-vous un moyen de mettre des photos en ligne ? Il faudrait savoir comment naissent les écailles. Sur un tableau, elles naissent le plus souvent des mouvements du support qui crée un réseau de craquelures qui finissent par occasionner des écailles. Sur une terre cuite, j’imagine que les mouvements du support sont plutôt restreints, aussi les raisons des écailles restent à déterminer (manque de souplesse de la peinture qui sur les formes les plus arrondies finit par se contracter sous l’effet de la réticulation naturelle, excès de siccatif initial sur les couleurs peau…).
Sinon, comment et où l’objet était-il entreposé ?
Dans l’attente de vos précisions.
Cordialement,
Denis
Plus on est patient, moins la mort se presse.
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les tons chairs peuvent contenir des terres ou ocres qui sont hygroscopiques et sensibles à l'humidité, c'est un facteur de dégradation. Et oui si, le paralloid est efficace sur tout objets céramique/sculpté, la molécule est grosse, on l'utilise souvent en archéo/paléo/minéralo
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Merci à tous pour ces premiers éléments ! Comme demandé, voici une image pour vous aider à mieux comprendre la problématique :
https://ibb.co/TPwxPWM
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Cher Denis, je n'ai pas une idée précise de l'historique de conservation de la pièce comme je l'ai récupéré (achetée à un tiers) récemment de Valence en Espagne - un endroit à priori tempéré voir chaud donc mais concernant l'humidité nous sommes d'accord que ce soit à Londres ou sur la costa del Sol un stockage dans une cave peut dans les 2 cas être humide et donc néfaste ! Librarii, comme on le constate sur l'image, les tons chair sont des terres de sienne, brun van dick, ocres...
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Bonjour,
Je ne pense pas que la sculpture ait été mal conservée... l'humidité aurait eu, à mon avis, des dégats plus généralisés.
Comme le disait librarii (et vous même), on a surement des terres d'ombre, d'ombre brulée et/ou de sienne qui absorbent le médium et peuvent fragiliser la peinture. Les terre d'ombre étant peut-être les pires.
On voit quelques petits soulèvements et boursouflures, mais rien de trop grave pour l'instant.
Juste pour savoir, possédez-vous une spatule chauffante ? Ce sera surement nécessaire au refixage pour réaplanir les soulèvement et boursouflures.
J'opterais peut-être plus pour du plexisol qui nécessite donc d'être travaillé à chaud... aussi, vu le peu de surface impactée, je me demande (surtout si vous n'avez pas de spatule chauffante) si cela ne vous reviendrait pas moins cher d'apporter l'objet à un·e restaurateur·trice que d'acheter matériel et produits pour le faire...
Je me renseigne et reviens vers vous dès que j'ai plus de renseignement, j'ai personnellement peu travaillé de plâtres et vais tenter d'avoir plus de renseignements.
Bon week-end
Plus on est patient, moins la mort se presse.
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je ne sais pas si ce sont des terres d'ombre ou autre mais certainement des terres argileuses
je préconise une conservation, c'est-à-dire fixer les écailles pour un éventuel travail ultérieur, ou pas, mais facilement applicable et réversible, la restauration c'est effectivement une autre histoire et dans tous les cas il vaut mieux voir un-e pro - ces gestes sont maîtrisés donc optimisés, diagnostic, historique, gain de temps et risque moindre avec une garantie basée sur les connaissances (ce qui inclus une transparence du traitement > certificat, assurance, etc).
ah et concernant la lacune j'i l'impression qu'il s'agit juste de l'enduit en blanc, sinon on aura la terre cuite (rouge ou brune)
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pour indication: terre d'ombre ton froid verdâtre, terre de sienne ton chaud rougeâtre
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Pour les matériaux, on me conseille : Aquazol 200 (5% dans l’alcool) ou Fluoline (pur)(attention TRÈS TOXIQUE), à faire en extérieur ou sous hotte avec masque.
Nous avons une fiche sur l'Aquazol http://3atp.org/L-Aquazol... mais pas sur la Fluorine.
Tenez-nous au courant de ce que vous compter faire.
Merci Librarii pour cette précision :-)
Plus on est patient, moins la mort se presse.
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Merci beaucoup Denis, volontiers pour cette aide supplémentaire que vous évoquez. Merci Librarii, idéalement en tant qu'Artiste plasticien, je suis manuel et aimerais beaucoup me risquer dans les 2 aspects - même si je n'ai pas encore pris ma décision et doit peser ce que vous dites. La partie blanche est bien de la terre cuite. L'éditeur, même si certains platres blancs sortaient aussi de son atelier produisait en majorité des terres cuites parfaitement blanches (beaucoup de grès chamottés sortent blancs à la cuisson > 1000°C). Ce n'est donc pour moi pas un enduit.
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Cher Denis, vous m'écriviez au moment où j'écrivais moi-même, je n'avais donc pas vu votre message. Merci. Je vais essayer avec l'aquazol 200. J'ai lu avec beaucoup d'intérêt votre fiche. Qu'appelez vous ''temperature modérée'' concernant la spatule chauffante ? D'autre part concernant la conservation, peut-être avez-vous 1 ou 2 conseils - mais je ne veux pas trop vous déranger, votre premier message donne quelques pistes à travers des questions auxquelles j'avoue ne pas bien savoir répondre.
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Bonjour,
En fait dès que l'on chauffe un objet d'art pour le restaurer, il est nécessaire de faire des tests pour voir si la couche picturale supporte le chaud. Bien entendu, plus une peinture est jeune, plus elle y est sensible, mais d'autres facteurs entrent en jeu comme les pigments et la composition du médium.
Aussi quand vous allez tenter la restauration, ne faites pas tout en même temps. Commencer par une petite zone, si possible la moins "visible" et faite un premier refixage en notant la concentration du produit, le papier intermédiaire utilisé, la température de la spatule et le temps approximatif d'application.
Attendez le lendemain pour voir si tout va bien. Si vous notez des problèmes, changer un paramètre et retester.
Une température modérée est entre 40 et 70°. L'Aquazole réagit à partir de 55°, donc je dirais de commencer à 55 et, éventuellement, comme vous êtes sur un volume et que l'application de la spatule n'est pas forcément simple, vous pouvez pousser un peu la température sans dépasser les 70°.
Il faudra aussi faire attention à rester localisé·e le plus possible sur les zones de soulèvement et d'écaillage. Je crois me souvenir qu'il y a des risques de chancis (http://3atp.org/Chancis) avec l'Aquazole. C'est un peu ennuyeux, mais pas grave, il suffit, a priori, de renourrir la couche picturale avec un vernis ou du paranoïde B72 pour qu'il disparaisse. Mais c'est aussi pour ça qu'il faut faire un test et laisser reposer afin d'être certain·e qu'une réaction tardive ne se fasse pas sentir.
N'hésitez pas à revenir vers nous.
Pour la conservation, je ne suis pas spécialiste des terres cuites, mais vues les artéfacts antiques que l'on trouve, cela à l'air solide !-).
Les grands principes sont : l'humidité est souvent nocive, mais plus que tout ce sont les variations d'humidité et de température qui sont dangereuses, parce qu'elle entraine des gonflements, rétractation de la matière. Les vibrations sont aussi assez néfastes (par exemple des personnes qui vivaient au-dessus d'un métro on eu des problèmes de déplace d'une peinture et les vibrations étaient la seule explication.
Enfin les pollutions atmosphériques peuvent occasionner des réactions chimiques de surface. C'est donc un peu comme pour nous : un endroit stable et tranquille.
Voilà, j'espère que cela vous aidera.
Je reste à votre écoute en cas de besoin.
Cordialement,
Denis
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ok désolé problème de vocabulaire, terracotta = couleur terre (ocre rouge)
google m’empêchant de me renseigner je n'en saurais pas plus
bonne continuation
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J'ai enfin reçu ma spatule chauffante Par contre, je ne trouve pas d'Aquazol 200 sans payer une livraison démesurée ; chez Kremer c'est presque le même prix que les 100g d'Aquazol. Moi qui habite Paris, peut-être connaissez-vous une adresse où je puisse acheter directement sur place ? Encore merci et vraiment hâte de m'y mettre.
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Bonjour,
Voyez sur le site https://ctsconservation.com/. Ils ont des locaux Passage Thiéré 26 - 75011 Paris, mais téléphonez leur peut-être avant pour ne pas vous déplacer pour rien. Ph: +33.1.43556044 / email: cts.france@ctsconservation.com .
Plus on est patient, moins la mort se presse.
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Merci beaucoup.
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Rebonjour, comme promis je reviens avec un retour d'expérience. Globalement ça s'est bien passé. Aquazol 200 dilué à l'alcool pour que la substance soit à la fois suffisamment collante mais pas trop liquide. Chauffe de la spatule entre 70 et 80°. Dans la mesure du possible, après application de l'Aquazol au pinceau, je chauffais ensuite la surface en l'effleurant puis rentrais les écailles de peinture au doigt, plus exactement avec le dos de l'ongle. En effet, j'avais un meilleur contrôle là où la spatule, parfois, emportait l'une ou l'autre écaille (partie destructive dont vous m'aviez indiqué le risque) avec besoin de réagrémenter en peinture de même teinte dès lors. Le résultat n'est pas parfait mais meilleur. Merci encore au forum. A bientôt peut-être dans le cadre d'autres travaux.
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Merci pour votre retour, je suis certain que ça aidera d'autres personnes.
Toujours à votre écoute.
Plus on est patient, moins la mort se presse.
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